L’Amicale du nid existe depuis 1946, quels en sont les objectifs ? L’association a été créée à la suite du vote de la loi Marthe Richard (13 avril 1946) qui interdisait les maisons de tolérance. La loi prévoyait également la création d’établissements pour « accueillir sur leur demande, en vue de leur rééducation et de leur reclassement, les personnes se livrant précédemment à la prostitution. » C’est dans ce contexte que l’association a vu le jour. L’Amicale du nid a d’abord une mission de prévention auprès des prostitués. Nous leur délivrons des informations d’ordre médical et juridique. Deux bus sillonnent les rues de la capitale à cet effet. Le cas échéant nous les accompagnons dans leurs démarches administratives. C’est particulièrement le cas pour celles qui souhaitent régulariser leur situation. Il nous arrive également d’accompagner des personnes jusqu’au Tribunal. Nous les aidons à monter un premier dossier et à trouver un avocat pour plaider. Nous gérons par ailleurs des structures d’accueil, d’hébergement d’urgence et d’insertion. Nous avons aujourd’hui la possibilité d’héberger jusqu’à 62 personnes chaque nuit. Se réinsérer c’est d’abord renouer des liens avec les enfants, la famille et des personnes hors du champs de la prostitution (associations, loisirs, formation…). Nous faisons un travail important de ce point de vue. Vos équipes sont en contact quotidien avec des prostitué(e)s. Comment le devient-on ? Il n’y a pas de parcours type. Cela peut-être au départ une façon de répondre à un besoin de se sentir aimé, d’évaluer sa valeur ou une expérience de vie qui se prolonge plus qu’on ne l’imaginait. Pour certaines c’est un choix qui n’a pas été suffisamment mûri, une décision prise dans l’urgence de la faim ou du manque de drogue. Contrairement à l’idée répandue, beaucoup n’ont pas été contraint(e)s et forcé(e)s. Beaucoup de jeunes se prostituent occasionnellement pour l’argent. Aujourd’hui pour exister il faut consommer, quelle que soit la source du revenu. La loi récente condamne le racolage. Quel est votre point de vue ? Notre rôle n’est pas d’émettre un avis sur la législation en vigueur. Ce que nous constatons sur le terrain c’est que la peine maximum pour racolage – 3750 euros –n’a pas encore été appliquée. Par ailleurs, nous observons, depuis le vote de cette loi, une évolution de l’état d’esprit de certain(e)s prostitué(e)s. Les prostituées dites « traditionnelles » se rapprochent de nous alors qu’elles semblaient ne pas en avoir besoin… Certaines cherchent un autre métier, d’autres à éviter les contrôles en changeant de lieu par exemple. Ce qui est sûr c’est que nous avons une nouvelle anxiété à gérer. Il faut souligner que malgré ce que l’on peut lire ici ou là, la quantité de prostituées issue du trafic humain, en regard de la population prostitutionnelle totale, est faible. Certes il y a eu un afflux de femmes « importées » d’Afrique et des pays de l’est. Mais leur nombre s’est stabilisé. S’il est important de lutter contre ce phénomène d’une violence extrême, il ne faut pas réduire la prostitution a cette dimension. L’Amicale du Nid est en large partie subventionnée par l’Etat En effet, jusqu’à présent le soutien public venait de l’Etat. Mais la décentralisation semble remettre en cause ce modèle. Les crédits alloués sont d’ailleurs pour l’instant gelés. Nous n’avons pas reçu un euro depuis le début de l’année et allons peut-être devoir faire des coupes dans le budget. Heureusement, la Mairie de Paris nous soutient et la Région a accepté de financer l’un des bus qui sillonnent les rues de la capitale. Pour en savoir plus http://www.amicaledunid.org
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