Comment définissez-vous la fidélité ? La fidélité c’est n’avoir de relation affective et sexuelle qu’avec une seule personne. Elle s’arrête où commence l’infidélité : prendre la main de quelqu’un, l’embrasser ou en rêver est-ce tromper ? Il n’y a pas de réponse objective à ces questions. Aujourd’hui chacun est libre de fixer ses propres limites. Cela n’a pas toujours été le cas. L’infidélité des femmes a longtemps été sanctionnée par la peine de mort, y compris en France. Les hommes n’ont quant à eux jamais été inquiétés. Pourquoi devient on infidèle ? L’insatisfaction sexuelle ou affective est un premier élément de réponse. Mais il ne concerne, la plupart du temps que les hommes. Chez les femmes il s’agit davantage d’insatisfaction des besoins de communication dans le couple. On entend souvent dans la bouche des patientes ” mon mari ne m’écoute pas… ” ou, évoquant l’amant, ” lui au moins il m’écoute… “. L’homme qui trompe sa femme est au contraire souvent mu par un désir d’expérimentation et non par une frustration. Il faut parfois remonter à l’enfance pour comprendre les raisons de l’infidélité. Le besoin inconscient chez certaines personnes de reproduire le trio familial – père, mère, enfant – les conduit à systématiquement introduire une tierce personne dans leur vie amoureuse. De façon générale, l’individualisme contemporain peut être vecteur d’un certain nombre de risques et d’excès. Chacun recherche d’abord son plaisir personnel au détriment, parfois, de l’autre. Comment gérer une crise d’infidélité ? Le couple peut sortir renforcé d’une telle épreuve si la situation de crise n’est pas subie. Considérer que c’est une épreuve à dépasser c’est se donner la chance de transformer le couple. Il est important de se donner le temps de poser ce qui ne fonctionnait pas dans le couple pour en arriver là : peur, jalousie, manque de communication… Ce temps doit être celui de la mise au point. Donner un sens à la crise, en chercher les raisons c’est aussi éviter de sombrer dans l’affect et ménager sa santé, refuser de trop souffrir de la situation. C’est accepter de porter sa part de responsabilité et ne pas accuser l’autre de tous les torts. Dans votre ouvrage vous évoquez une ” nouvelle fidélité “ Il est facile de défendre l’infidélité ou le libertinage très à la mode de nos jours tout en condamnant la les violences sexuelles, ou les excès en tous genre. Je crois en une forme de fidélité qui se fonde sur le respect et la responsabilité, l’engagement. La fidélité est une preuve d’amour. C’est aussi une forme de sécurité, une confiance qui permet de s’épanouir pleinement. Et puis, sur le plan sexuel, l’ajustement ne va pas de soi… il faut du temps pour découvrir l’autre. Etre fidèle c’est aussi se donner le temps, la confiance et l’intimité nécessaire pour mener cette découverte à bien. Et puis nous nous plaignons d’une ” dégradation ” des mœurs sexuelles, en particulier chez les jeunes, dans les quartiers où la violence à l’égard des femmes est quotidienne. Comment s’en étonner quand la chosification des corps, véritables objets de consommation, est encouragée par le libertinage sexuel et les médias. Il devient urgent de restaurer la fidélité en tant que choix, car être fidèle c’est fondamentalement respecter l’autre, le partenaire, s’engager vis à vis de lui. Etre fidèle c’est aussi d’une certaine façon en ne se donnant qu’à une seule personne, sacraliser la sexualité. Gérard Leleu, ” L’infidélité et le couple “, Flammarion, 2000